En hommage à Lolo à qui j’aurais voulu faire plaisir.
1932. Année qui nous évoque plus l’entre-deux guerres que l’année de naissance de nos grands-parents. Et pourtant. Mon grand-père a aujourd’hui 73 ans. Après un parcours exceptionnel, il s’est retiré, toujours actif dans sa façon de vivre, mais n’espérant plus changer le monde ni même la société française. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Originaire de la région parisienne, mon grand-père obtient son certificat d’études à 13 ans. Après avoir fréquenté l’école des métiers 3 ans, il devient ajusteur à 16 ans. A 19 ans, il décide de partir, il prend son vélo et se dirige vers le Maroc. Il est alors confronté à une difficile traversée du désert. Assoiffé, épuisé et proche de la mort, il est sauvé in extremis par un tuyau d’arrosage alors qu’il venait de trouver un village sur sa route.
A cette époque le service militaire est obligatoire, sa chance, lui qui n’aimait ni les armes ni la guerre, est alors de retourner au Maroc. De retour en France après 18 mois, il est volontaire Emmaüs, rencontre l’Abbé Pierre et travaille avec lui sur certains projets.
En 1956, il est rappelé : c’est la guerre en Algérie. Il refuse et se fait objecteur de conscience* à sa manière. Après avoir plaidé sa cause vainement en allant frapper à la porte des grands hommes de l’époque qui s’opposaient à cette guerre mais ne pouvaient rien faire pour lui, il apprend alors qu’il a le choix ente l’exil pendant au moins 10 ans en Suisse, l’exécution placé en 1ère ligne en Algérie ou accepter de lui même de se rendre. Il se rend, avec la ferme intention de ne jamais tuer qui que ce soit ni même s’utiliser son arme. Il tient sa promesse et revient un an plus tard, les mains propres.
Il s’installe en 1958 avec sa fiancée dans le bidonville de Nanterre. Révolté comme d’autres par cette aberration humaine, il décide de réagir à sa manière. Il n’a pas froid aux yeux et malgré toutes les oppositions, il fait vivre le bidonville pendant 6 ans, période pendant laquelle naissent ses filles. Directeur de colonies de vacances, il a emmené les enfants des bidonvilles. Après s’être formé en autodidacte, il obtient le poste de Directeur de la fédération des parcs naturels. En 1977, il est chef de groupe dans une association de relogement des immigrés. En 1981, il crée sa propre entreprise : Promotion et Réhabilitation dont l’objet est de réhabiliter l’habitat par la réinsertion des exclus (chômeurs, délinquants, …). Cet essai est un échec, mon grand-père, trop généreux avec ses clients ne rentre pas dans ses finances. Il est enfin animateur dans une association chargée de la réinsertion des jeunes inadaptés avant de se retirer avec le sentiment d’avoir fait tout ce qui était en son possible sans avoir réussi à changer le monde pour autant.
Voici le résumé d’un parcours extraordinaire et diversifié comme l’on on rêve tous. Un parcours que je ne connaissais qu’à peine avant de rédiger cet article. Un conseil alors : faites parles vos grands-parent : ils recèlent de secrets dont vous ne soupçonnez même pas l’existence.
* Une objection de conscience est une expression désignant la raison qui pousse une personne, au nom de ses convictions personnelles, à refuser de porter des armes et donc de servir dans l'Armée en dehors des services de santé.
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