Quentin Tarantino et le cinéma.
Tout le monde est d'avis de comparer l'histoire de Tarantino à celui de cendrillon : au début des années 90, le jeune Quentin rêvait de cinéma dans la vidéothèque où il travaillait, et il est maintenant l'un des hommes les plus respectés dans le métier.
Grand fan de nouvelle vague française et de Godard, du cinéma de Hong-Kong et de John Woo, de blackploitation et de Pam Grier, il se met à l'écriture de scénarii. Il vend pour presque rien "Tueurs Nés" et "True Romance". Cela lui permet quand même de réaliser "Reservoir Dogs", extrémement apprécié au festival de Sundance. Le film raconte un braquage par des tueurs affublés de nom code basés sur les couleurs. Entre autre, M. White est Harvey Keitel, M. Blond Michael Madsen,et M. Orange Tim Roth.
Mais c'est en 1994 que le dieu Quentin offre sa merveille de réalisation et de dialogue. "Pulp Fiction" reçoit la palme d'or à Cannes, où son réalisateur sera président du jury dix ans plus tard. Les oscars aussi pleuvent sur le scénario puzzle de l'histoire de tueurs et de mafieux (Samuel Lee Jackson, Bruce Willis, John Travolta, Uma Thurman...). On décrouve alors la qualité suprême des goûts musicaux de notre cendrillon. Les BO de tous ses films sont simplement magnifiques et sont des trouvailles exceptionnelles.
Quatre ans plus tard, il adapte un roman de Elmore Leonard en film de blackploitation. C'est-à-dire un genre de film des années 60 tournés dans les quartiers noirs avec des acteurs seulements noirs et sur de la musique soul. "Jackie Brown" fait un tabac et Tarantino montre en combien il aime tous les genres de cinéma. Pam Grier interprète une hôtesse de l'air embarquées dans une affaire de drogue et d'argent blanchi. Entre les mafieux, les flics et un agent de caution et un demi-millionde dollars, il y a de quoi être perdue !
Après une très longue attente du public, arrive enfin la bombe aux influences asiatiques de Tarantino. "Kill Bill". Qui a encore besoin qu'on lui explique la vengeance de la mariée (Uma Thurman superbe) sur ses 5 anciens collègues mafieux, dont Bill, parce qu'il l'ont mise dans le coma et tué son enfant ? Qui ? Divisé en 2 volumes sacrément bien (ou mal, selon de quelle façon on se place) censurés partout sauf au Japon, le film se développe à l'aide de flash back, de dessins animés, etc... Un 3 et peut-être un 4 sont prévus... dans 15 ans. Quentin veut voir vieillir Uma avant de lui faire rejaillir de l'hémoglobine de ses adversaires.
Comme Hitchcock, QT entretient sa forme de figurant. Il est M. Brown dans Reservoir Dogs, et l'on ne peut l'admirer s'enflammer sur ses textes pendant la petite scène d'intro. Heureusement, il s'offre le rôle du pote de Jules et peut içi avoir une part importante de répliques. Malheureusement, il s'en n'a qu'une dans la VO de Jackie Brown puisqu'il est la voix du répondeur ! Après avoir finalement refusé le rôle de Pei Mei dans Kill Bill, il devient l'un des Crazy 88 massacré par la mariée. Or, il me semble que le montage et la censure nous ont empêché de l'apercevoir !
Tarantino est exceptionnel en de nombreux points de vue. Tout d'abord grâce à sa culture cinématographique. Ensuite grâce à sa plume et celle de son ami Roger Avary, qui offrent aux acteurs toujours bien choisis et aux spectateurs des répliques déjà ancrés dans les mémoires. Ensuite encore grâce à sa propre maison de production "A Band Apart" avec Lawrence Bender, Quentin se permet tout et heureusement pour nous. Enfin et surtout, c'est son univers qui est le plus important. Vous pourrez remarquer que les différents héros de chaque film mangent les mêmes et céréals ou les mêmes hamburgers, conduisent la même voiture, parlent de cousins à eux qui sont eux-même les personnages des autres films de Tarantino. Deux choses sont encore plus représentatives et caractéristiques de SON cinéma. Il se passe toujours quelque chose d'essentiel dans des toilettes. Il y a toujours une vue depuis un coffre de voiture. C'est la signature de Tarantino et l'on est beaucoup à apprécier, pour ne pas dire vénérer, cette patte.
A.L.